Mise en contexte

Dernière mise à jour : 5 octobre 2023

L’accès au financement est un des enjeux importants auxquels font face les initiatives d’innovation sociale bioalimentaire. Bien qu’il existe de nombreuses opportunités sur le marché, plusieurs entrepreneur.e.s peinent encore à trouver du financement adapté: un capital patient qui s’aligne avec la réalité des projets bioalimentaires d’impact. 

Nous vous présentons dans ce guide les différentes ressources actuellement disponibles pour les entreprises bioalimentaires en démarrage en matière de financement, en relevant quelques points saillants pour chaque type de financement. Bien sûr, la liste n’est pas exhaustive, mais constitue une bonne base pour comprendre vers qui se tourner, pour quel type de financement.

Les types de financement suivants sont généralement disponibles dans les phases de prédémarrage et/ou démarrage d’un projet car ils comportent moins d'exigences en matière de documentation et preuves de concept à fournir, étant ainsi plus faciles d’accès.

Love money

Le « love money » est le capital privé levé en faisant appel à ses proches (famille et amis) pour aider au démarrage de l’entreprise. La contribution se fait plutôt sur la base d’une relation de confiance et de proximité, dans le but premier d'aider un.e proche à développer son entreprise et moins dans celui de rentabiliser son investissement. 

Concours et bourses

Il s’agit de prix obtenus lors de la participation à des concours, souvent sous forme de pitchs devant des membres de jury. Les critères varient selon les concours et la réalisation des pitchs nécessite une bonne préparation. Des exemples de concours:   

Investisseurs particuliers

Les investisseurs particuliers sont des individus qui investissent seuls ou en groupe dans des entreprises au stade de prédémarrage (conception du produit), prototypage (projet-pilote) ou post-démarrage (commercialisation). C’est le cas de Anges Québec qui est le plus grand réseau d'anges investisseur.euse.s au Canada. 

Les types de financement suivants ont généralement plus d’exigences en matière de documents à fournir et de preuves de validation de concept.

Aides gouvernementales

Il s’agit des subventions et garanties de prêts ne nécessitant pas des remboursements financiers. Voici les principaux acteurs octroyant ce type de financement :

Ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation (MAPAQ) 

Le MAPAQ participe à la prospérité et à la diversité de l'industrie bioalimentaire québécoise.

Il propose différents programmes dans trois champs d'activités : 

Fourchette de financement : variable (pouvant aller de 2 000$ à 3M$ et plus)

Financière agricole du Québec (FADQ)

La FADQ a pour mission de soutenir et de promouvoir, dans une perspective de développement durable, le développement du secteur agricole et agroalimentaire. Pour cela, elle offre plusieurs programmes de financement en appui à toutes les étapes du développement d'une entreprise agroalimentaire: garantie de prêt, subvention et congé de paiement.

Fourchette de financement : 10 000$ à 15M$

Points saillants

  • Bien évaluer les ressources et le temps à allouer : préparation de la demande, mise en œuvre des activités et reddition de compte
  • Comprendre qu'il n'y a pas d'argent gratuit et que des engagements sont nécessaires. Soyez prêt.e à respecter ces engagements
  • Être prêt à adapter ou adopter des systèmes de comptabilité et de suivi pour pouvoir répondre aux exigences du programme
  • Bien connaître les programmes : objectifs, critères, coûts admissibles et non admissibles, processus de demande et d'évaluation
  • La plupart des demandes prennent de six à douze mois avant d'être approuvées - une personne doit être chargée de communiquer avec le programme, rester en contact et renvoyer rapidement les réponses demandées
  • Être prêt à être transparent
  • Certains programmes exigent des documents substantiels comme un plan de commercialisation, plan d'affaires, montage financier/budget, etc.
  • Certains programmes requièrent une ou quelques années d’existence pour être éligible
  • Assurez-vous que la personne qui rédige la demande dispose de toutes les ressources nécessaires pour l'ensemble de l'entreprise - finances, technologie...

Financements conventionnels

Il s’agit principalement de prêts bancaires et institutionnels qui nécessitent des remboursements réguliers et exigent parfois des garanties personnelles. 

Institutions financières

Les institutions financières (banques et coopératives financières) proposent différents produits financiers comme des prêts, des marges de crédit et des escomptes pour plusieurs activités dont le bioalimentaire:

Fourchette de financement : variable dépendamment du projet

Fonds d'investissement pour la relève agricole

Le FIRA a pour mission de soutenir des jeunes qui ont des projets en démarrage, en croissance ou des transferts en agriculture, sous forme de prêt, de mise de fonds et de location de terre.

Fourchette de financement : jusqu'à 250 000$

Financement agricole Canada (FAC)

FAC est une société d’État fédérale qui offre des produits financiers (prêt immobilier, marge de crédit, financement sur actif et trésorerie, etc.) aux agriculteur.trice.s et aux agro-entrepreneur.e.s canadien.ne.s.

Fourchette de financement : jusqu’à 1M$

Fonds de transfert d'entreprise du Québec (FTEQ)

Le FTEQ s’adresse aux nouveaux.elles entrepreneur.e.s désireux.euses de se lancer en affaires en offrant un soutien financier adapté aux situations de transfert d’entreprise dans tous les domaines, incluant les entreprises en transformation bioalimentaire. Pour les entreprises de production agricole, le fonds intervient par le FIRA (voir section précédente).

Fourchette de financement : 50 000$ à 1M$

Investissement Québec

Investissement Québec est une société d'État québécoise créée en 1998 pour favoriser l'investissement au Québec  dans les entreprises québécoises et internationales. Il propose des produits financiers (prêts et garanties de prêt, financement en quasi-capitaux propres) pour les entreprises dans différents secteurs dont l’exploitation agricole. Travaillant en collaboration avec la FADQ, seules les entreprises qui ne sont pas admissibles aux programmes de cette dernière peuvent bénéficier du financement d'Investissement Québec.

Fourchette de financement : variable selon le projet 

Fonds de solidarité (FTQ)

Le Fonds de solidarité FTQ est le plus grand réseau québécois d’investissement en capital de développement et a été créé à l’initiative de la FTQ, la plus importante centrale syndicale du Québec. La FTQ appuie les entreprises à travers différents fonds (siège social, régional et local) dans différents secteurs d’activités dont le bioalimentaire, offrant plusieurs soutiens financiers tels que les prêts non garantis et la participation au capital-actions.

Fourchette de financement : plus de 5M$

Municipalité régionale de comté/Centre local de développement (MRC/CLD)

Les MRC/CLD ont pour mission de mobiliser l'ensemble des acteurs locaux dans une démarche commune tournée vers l'action en vue de favoriser le développement de l'économie et la création d'emplois sur son territoire, dans le cadre d'un partenariat entre le gouvernement et la communauté locale. Dans le cadre de leur mission, les MRC/CLD peuvent appuyer financièrement les porteur.euse.s de projet à travers des fonds spécialisés en bioalimentaire tels que le Fonds d’investissement agroalimentaire Nicolet-Yamaska.

Consultez la liste des MRC du Québec ici

Fourchette de financement : varie d’un CLD ou d’une MRC à l’autre

POINTS SAILLANTS

  • Les prêts nécessitent généralement la présentation de documents substantiels tels qu’un plan d'affaires et/ou un plan de commercialisation bien élaboré qui prouvent la viabilité du projet 
  • Les institutions financières peuvent exiger, selon le cas, une certaine durée d'existence et un certain volume d’activités étayé par des états financiers et bilans d’activités annuels
  • Les organismes de financement exigent, dans certains cas, des garanties personnelles (cautions et fonds de garanties) et réelles (hypothèque et nantissement)
  • Les conditions d’emprunt sont souvent strictes et nécessitent une bonne planification financière. Une bonne gestion de la trésorerie est nécessaire pour éviter le risque de défaut de paiement et/ou de surendettement
  • Les organismes de financement exigent, dans certains cas, un quota d’actions minimum détenu par le.la porteur.euse de projet
  • Les types de financement sous forme de participation au capital-actions impliquent l’ouverture de l’entreprise à des partenaires extérieur.e.s comme actionnaires qui peuvent influencer la prise de décision au sein de l'entreprise, voire même la perte de contrôle par le.la porteur.euse du projet

Autres financements

Cette section présente les types de financement octroyés par des organismes autres que les institutions financières et gouvernementales. 

Fonds coopératif d’aide à la relève agricole (FCARA)

Il s’agit d’un programme administré par les coopératives membres de Sollio Groupe Coopératif. Ce programme, divisé en deux volets et d’une durée de trois ans, permet aux jeunes producteur.trice.s agricoles membres du réseau coopératif de bénéficier d’un soutien financier avec la collaboration du Mouvement Desjardins, d’un soutien professionnel et d’une offre de développement des compétences.

Fourchette de financement : jusqu’à 7 500$ par année par entreprise agricole, membre d’une coopérative locale. 

Evol (anciennement FEMMESSOR)

Evol dédie ses activités au développement de l’entrepreneuriat féminin. Par sa mission, elle offre une diversité d'appuis, dont financiers, aux entreprises à propriété féminine et cela sous forme de prêts conventionnels.

Fourchette de financement : 10 000$ à 150 000$

FUTURPRENEUR

Futurpreneur Canada permet aux jeunes qui aspirent à devenir propriétaires d’entreprise de trouver du financement plus facilement. Il offre ainsi des prêts de démarrage ainsi que du mentorat pour les jeunes entre 18 et 39 ans. 

Fourchette de financement : jusqu'à 60 000 $

Réseau d’investissement social du Québec (RISQ)

Le RISQ offre des prêts dédiés aux entreprises d’économie sociale proposant des biens et services financièrement viables et socialement rentables. Il a pour mission de rendre accessible un financement adapté à la réalité des entreprises de différents secteurs d’activité créées sous forme d’OBNL ou de coopérative.

Fourchette de financement : 1000$ à 1.5M$

MicroEntreprendre

Chef de file du microcrédit entrepreneurial, moteur de l’inclusion sociale et du développement économique du Québec, MicroEntreprendre offre via son réseau de l’accompagnement de proximité ainsi que l’accès à du microcrédit, des prêts-ponts et prêts d’honneur. 

Fourchette de financement : variable selon les projets (2 000$ à 20 000$ et plus)

Réseau des Sociétés d’aide au développement des collectivités et Centres d’aide aux entreprises (SADC-CAE)

Le Réseau SADC-CAE est un regroupement d'organismes à but non lucratif qui travaille à faire émerger le meilleur des régions et à assurer leur développement. Les organismes offrent des services spécialisés en région, allant de l'étude de marché jusqu'au financement, en passant par l'analyse du plan d'affaires

Fourchette de financement : pouvant aller jusqu'à 250 000$

Les centres locaux d’emploi (CLE) : peuvent également offrir un programme de soutien aux travailleur.euse.s autonomes dans l’élaboration d’un plan d’affaires et le démarrage de leur entreprise 

PME MTL est un réseau de soutien aux entreprises de la ville de Montréal et a pour mission d'offrir un ensemble de services professionnels accessibles aux entrepreneur.e.s privé.e.s et d’économie sociale se situant sur l’île de Montréal. Le réseau offre une diversité de services incluant de l’accompagnement, du financement et de la formation. En matière de financement, il offre plusieurs outils financiers:

Les fondations

Certaines fondations interviennent dans des axes de financement en lien avec l'alimentation, l’innovation sociale et l’économie sociale et solidaire.   

Quelques exemples:

Le sociofinancement ou financement participatif

Le financement participatif est un processus permettant à une personne ou à une entreprise de recueillir de petites sommes auprès d’un grand nombre de personnes, via Internet. L’objectif est de réunir des fonds suffisants pour réaliser un projet précis. Il existe différents types de financement participatif, notamment les dons, la prévente de produits ou le financement participatif en capital (Autorité des marchés financiers).

Il existe plusieurs plateformes de sociofinancement comme la Ruche et Ulule qui acceptent des projets provenant de différents secteurs d’activité. Ma Belle Terre  s’est quant à elle spécialisée dans le secteur bioalimentaire. Bien que le sociofinancement présente des avantages tels qu’une occasion de tester et valider le marché, et d’avoir accès à un financement avec un coût relativement bas, il ne faut pas perdre de vue certains éléments avant de s’engager dans une campagne. 

En effet, il ne faut pas négliger le temps et les ressources nécessaires (préparation, recherche et analyse, historique, contreparties, construction de la page de campagne avec vidéos de présentation, gestion de la campagne, etc.) pour mettre en place une campagne de sociofinancement efficace. Une campagne exige également une maîtrise des médias sociaux et de bonnes aptitudes en communication. Enfin, certaines plateformes exigent l’atteinte du montant fixé comme objectif de campagne pour octroyer le financement et débiter les contributeur.trice.s.

Les obligations communautaires

Les obligations communautaires paraissent comme des outils de financement novateurs. En réalité, elles ne sont pas nouvelles, mais seulement peu utilisées au Québec (TIESS, 2017). Selon le TIESS, les obligations communautaires sont des titres de créance qui sont accessibles à tout type d’investisseur.e.s mais émises uniquement par des organismes à but non lucratif. Les obligations communautaires peuvent constituer une bonne solution pour diversifier les sources de financement tout en “mobilisant les membres de la communauté envers l’organisme, le projet et les valeurs véhiculées”. Il faut cependant prendre en compte que les obligations communautaires constituent une dette à rembourser pour l’organisme émetteur et que des stratégies doivent être déployées pour assurer leur remboursement à l’échéance. Il ne faut également pas sous-estimer le temps et les coûts liés à leur émission (conception, vente et gestion). Enfin, comme la plupart des engagements financiers, les devoirs d’information et de transparence sont nécessaires envers les investisseur.euse.s.  

Les parts

Les parts correspondent au capital social des coopératives, l’ensemble des parts dans lesquelles leurs membres et leur communauté ont investi. Il existe plusieurs types de parts (privilégiées, sociales, etc). Les fonds sont nécessaires au fonctionnement et aux perspectives de développement de ces coopératives et peuvent représenter un levier pour accéder à d’autres financements externes. 

Pour plus d’informations et de ressources sur ces trois derniers types de financements, consultez: 

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