Par Catherine Lefebvre | 7 juillet 2018

Photo: Laura Howard. Depuis trois ans, le rendez-vous Le goût du changement invite les entreprises novatrices dans le domaine de l’alimentation à se réunir pour présenter leurs projets, mais aussi à échanger entre elles.

Les innovations alimentaires foisonnent à Montréal. L’événement Le goût du changement vise à rassembler les divers acteurs qui dynamisent le secteur alimentaire montréalais. Sa troisième édition se tenait le 5 juillet.

L'événement Le goût du changement a pour but d’améliorer le système alimentaire local, de renforcer l’impact des projets en innovation sociale alimentaire et d’assurer leur pérennité. Depuis trois ans, le rendez-vous invite les entreprises novatrices dans le domaine de l’alimentation à se réunir pour présenter leurs projets, mais aussi à échanger entre elles. « Le goût du changement vise à promouvoir le rôle des entrepreneurs locaux dans la transition de notre système alimentaire vers un système plus local, durable et viable, explique Laura Howard, cofondatrice de Collectif Récolte, l’organisme à l’origine de l’événement. Cela permet aussi de promouvoir les acteurs qui utilisent la nourriture comme vecteur de changement. »

Bien qu’il soit inspirant de partager entre collègues à propos des plus récentes innovations en alimentation, si l’usager principal, le consommateur, n’est pas de la partie, cela perd une partie de son sens. C’est pourquoi le grand public est aussi invité à participer à l’événement. « Nous voulons encourager les con­sommateurs à parler directement avec les entrepreneurs présents pour mieux comprendre leur mission, leur vision et l’impact qu’ils souhaitent avoir à travers leurs projets, ajoute Laura Howard. C’est aussi une occasion de créer une communauté autour de notre alimentation locale, et de poursuivre la conversation à propos de ce que nous voulons pour l’avenir de notre alimentation. »

« Nous voulons encourager les consommateurs à parler directement avec les entrepreneurs présents pour mieux comprendre leur mission, leur vision et l’impact qu’ils souhaitent avoir à travers leurs projets » - Laura Howard

Voici donc quelques-uns des exposants qui étaient présents à l’événement Le goût du changement cette année :

Terre promise

L’alimentation locale a le vent dans les voiles. C’est donc une occasion en or pour semer davantage de variétés ancestrales, dont plusieurs ont presque disparu à la faveur des quelques mêmes espèces que l’on retrouve toujours sur les étals des supermarchés. « La nourriture que nous mangeons provient majoritairement… d’une semence, s’exclame Lyne Bellemare, fondatrice de Terre promise. Et celle-ci est produite à des milliers de kilomètres du Québec, ce qui n’est pas durable ni logique dans l’esprit de manger local et sainement. Le goût du changement est donc un moment exceptionnel qui nous permet de sensibiliser les chefs, les clients et le public à propos de l’importance de conserver les variétés d’ici, cultivées ici. » Le catalogue de l’entreprise comprend notamment les melons de Montréal et d’Oka, ainsi que la tomate Savignac, trois espèces classées dans l’Arche du goût de Slow Food, un catalogue regroupant des milliers d’aliments ancestraux ou qui requièrent une méthode de production traditionnelle et unique.

La Transformerie

Photo: La Transformerie - Trio de tartinades de La Transformerie, une entreprise qui vise à minimiser le gaspillage alimentaire issu des commerces de détail.

Depuis son départ du restaurant Les 400 coups, le chef Guillaume Cantin n’a pas arrêté. En partenariat avec Thibault Renouf (Chef 514) et Bobby Grégoire (L’atelier du goût), il a pris le temps de développer un projet qui lui tient à cœur, un projet d’une importance primordiale. Avec La Transformerie, il vise à minimiser le gaspillage alimentaire issu des commerces de détail. Ainsi, il collecte les invendus alimentaires et il les transforme en conserves de toutes sortes. C’était sa deuxième participation au Goût du changement.

« Cet événement permet à des nouveaux projets de tester leurs idées ou de faire découvrir leurs produits, dit-il. Aussi, il permet d’échanger avec des personnes qui sont intéressées par le système alimentaire montréalais. » Cette année, c’était aussi une occasion pour le grand public de goûter aux fameuses conserves de La Transformerie, étant donné que la mise en marché de ses produits se fera qu’à la fin de l’année. Éventuellement, les produits seront vendus dans les commerces où ils ont été collectés. Voilà un bel exemple d’économie circulaire qui contribue par le fait même à une meilleure gestion des stocks pour les commerçants.

La Brasserie New Deal (Boldwin)

Il ne manque pas de brasseries artisanales au Québec. Mais une brasserie qui n’utilise que des ingrédients biologiques et qui a pour objectif de soutenir l’intégration sociale dans son milieu et de minimiser son empreinte écologique, cela ne court pas les rues ! La Brasserie New Deal, derrière les bières Boldwin, fait tout cela. Par exemple, une partie des tâches à la brasserie est réservée aux membres de l’organisme SDEM SEMO Montérégie qui soutient l’intégration au travail des personnes handicapées.

C’était aussi la deuxième participation des gens de New Deal au Goût du changement, un rendez-vous plus intime que les autres événements du même genre à Montréal, qu’ils aiment particulièrement fréquenter. « Un événement, c’est aussi des gens. Et compte tenu de ce qui nous préoccupe, ici, ce sont des gens qui sont animés par la même mission que nous. C’est donc une occasion de faire de belles rencontres ! »

La Centrale culinaire

La Centrale culinaire est un espace partagé où les artisans et traiteurs culinaires peuvent se réunir pour créer et produire leurs recettes. Cela donne tout un coup de main aux jeunes entreprises qui n’ont pas forcément le financement ni besoin de louer un grand espace mensuellement pour réaliser leur production dès le jour 1.

Puis, cela permet aussi aux usagers d’échanger avec les autres locataires de l’endroit, ce qui peut d’ailleurs donner naissance à de savoureuses collaborations. « Mon entreprise fait aussi beaucoup d’éducation à propos de la conservation de produits locaux, ajoute Maurin Arellano, chef et propriétaire de la Centrale culinaire. Du même coup, ma participation au Goût du changement me permet d’en apprendre davantage sur mon métier, et d’ainsi aider d’autres entreprises a trouvé leur voie. »