Par Sophie Poisson | 5 avril 2022

Situés dans l’Ouest-de-l’Île de Montréal, Les Jardins Carya, la Ferme du Roulant et la ferme D-Trois-Pierres partagent depuis juin un camion de livraison réfrigéré. Le projet, piloté par l’entreprise sociale Collectif Récolte, a été conçu en avril 2021, lors d’un atelier collectif durant lequel les besoins des maraîchers se sont fait connaître. Si certains producteurs n’avaient pas d’autres choix que de louer un véhicule individuellement, d’autres s’interrogeaient sur la justification d’un véhicule supplémentaire pour une utilisation partielle.

Les trois participants, qui se connaissaient déjà et avaient une volonté de tester une solution commune, ont pris possession d’un véhicule de livraison réfrigéré d’une tonne métrique de juin à novembre. Chacun a utilisé le véhicule pour une journée donnée, qui correspondait aux jours de livraison prévus avec les détaillants alimentaires.

« Ces derniers n’ont pas forcément remarqué de différence, mis à part une plus grande fraîcheur parce que le véhicule mis à disposition est réfrigéré tandis que les véhicules que les maraîchers utilisaient auparavant ne l’étaient pas, pour des raisons financières », rapporte Julie Sage, l’agronome et coordonnatrice du projet pilote de camion partagé. Pour certains produits, comme les légumes feuilles, le refroidissement rapide offert par une réfrigération adéquate dans les heures qui suivent la récolte se traduit en jours additionnels de conservation.

Le sous-projet de camion partagé découle du pôle logistique alimentaire de l’Ouest-de-l’Île de Montréal, un projet conçu en vue de faciliter les opérations post-récolte - comme le lavage des légumes - et la mise en marché – comme la distribution. À l’origine, il y a le Système alimentaire local et intégré à Montréal, un projet multiparties prenantes qui a commencé il y a deux ans et se terminera en 2024. Il est porté par l’entreprise sociale Collectif Récolte dans le cadre de Montréal en commun, et a pour objectif d’accompagner et de soutenir des solutions structurantes et collectives dans le réseau d’approvisionnement alimentaire local et solidaire montréalais.

L’ajout de valeurs environnementales

En 2021, l’objectif était de tester la capacité à travailler ensemble, ce qui s’est avéré concluant. « Dans le bilan, on a demandé aux maraîchers si le co-transport aurait été possible, explique Julie Sage. Ils ont dit qu’ils n’étaient pas contre, mais que ce n’était pas un besoin et que des difficultés pourraient émerger. Le taux de remplissage du véhicule était déjà maximisé avec leurs propres produits et une plus grande logistique de transport serait nécessaire, tout comme un outil plus perfectionné d’optimisation des routes. »

L’intention pour 2022 est d’avoir un véhicule électrique et d’utiliser un outil de gestion dédié à la planification des trajets routiers, des mesures que les détaillants alimentaires pourraient partager à leurs clients afin de mettre en avant leurs valeurs environnementales.